Presse-2011-03-PurePeople

- Pure People - 4 Mars 2011

Catherine Lara fait sa jolie môme à la voix de rocaille !

Nombreux sont ceux qui se réclament de Léo Ferré, de ce qu'ils lui doivent, de Philippe Léotard en 1993 (année de la disparition de l'immense Léo) à Bernard Lavilliers en 2009 et son très intense DVD-spectacle Lavilliers chante Ferré, de sa mémoire, de l'honneur qu'il a fait à la chanson française en existant.

La dernière contribution en date, inattendue, est signée... Catherine Lara. Inattendue, mais peut-être pas pour autant surprenante : celle que le temps a vêtu pour la postérité de son surnom paraphrastique de "rockeuse de diamant", réducteur quoique valable, est une insatiable mélomane, dont la sensibilité n'a pas de frontières.

Spectaculaire, la violoniste de 65 ans, qui a eu la hardiesse de confronter sa formation classique à tous les registres en quarante ans de carrière discographique, s'adonne à l'exercice de l'album de reprises. A son tour, la voix cabossée par le chemin parcouru, elle décide de révérer, avec Une voix pour Léo (à paraître le 14 mars, qu'elle présente en vidéo sur Off TV, l'un des plus importants mentors des amoureux de la chanson française : "Je ne voulais pas me chanter une fois de plus. J'ai choisi Léo Ferré parce que, pour moi, il incarne la profondeur, la beauté des textes, une densité émotionnelle qui vous terrasse, justifie-t-elle. Je me sentais capable de ne pas le trahir, d'apporter ma pierre à son édifice."

Sans le trahir donc, mais en le relisant à la faveur de son bagage de citoyenne/musicienne du monde : "J'ai eu envie d'emmener Léo Ferré vers les musiques du monde. Il était né à Monaco et s'est éteint à Florence. C'était un apatride qui donnait toujours l'impression d'être de nulle part. Il y a une véritable alchimie entre ses mots et le monde rude et vrai du flamenco. C'est un univers de tripes, de lamentations et de sueur qui lui ressemble." A ses côtés pour créer cette nouvelle toile de fond, on notera la présence du magnifique Sylvain Luc, guitariste et joueur de oud exquis.

En attendant de retrouver Catherine Lara dans 50 Minutes Inside pour des confidences sentimentales, et de juger sur pièces du résultat, l'intéressée se livre à un petit décryptage des chansons de Ferré dont elle s'empare...

Avec le temps [difficile de résister à la tentation de reprendre cette chanson, qui est ni plus ni moins la vie, l'oeuvre et le testament de Ferré, par laquelle il finissait ses concerts et pour laquelle il demandait de ne pas applaudir, s'éclipsant dans la pénombre..., NDLR] : "Dans cette chanson, Léo chantait son désespoir avec un mélange de larmes et de lamentations. Moi, je me suis surtout souvenue de ces mots : " avec le temps, va tout va bien ". Plutôt que de flamber avec un arrangement orchestral lourd, j'ai privilégié l'acoustique et essayé de cultiver cette note d'espoir et de force."

La mémoire et la mer : "C'est ma chanson fétiche de l'album ! Celle qui m'a donné le plus d'émotions et d'inspiration. J'ai été touchée par son univers musical, la force et la profondeur du texte, les choeurs, la voix arrachée de Jean-Claude Wecker qui est sublime."

Jolie môme : "Cette môme, j'ai voulu lui apporter de l'innocence, en gommer le côté un peu provocateur. C'est une adolescente dans la fraîcheur et la légèreté de ses 15 ans, qui se prépare à devenir une femme. J'aurais pu l'appeler " petite môme "."

C'est extra : "Ici, on est dans le blues africain. Je n'ai pas voulu m'enfermer dans le monde espagnol. C'est peut-être le morceau qui va interpeler les plus jeunes car le groove est très contemporain. Jean-Claude (Wecker) que mon producteur a découvert sur internet a fait un travail remarquable sur les choeurs."

La vie d'artiste : "Là, j'ai fait ma Girardot [des propos que Catherine Lara tenait bien avant le décès survenu dernièrement de la comédienne, NDLR] ! Au fond de moi, j'aurais aimé jouer, être actrice de cinéma. Quand on chante, on est un peu l'acteur de ces saynètes de 3 ou 4 minutes. J'ai donc choisi de parler, sans grandiloquence mais en essayant de servir au mieux cette magnifique déclaration d'amour."

20 ans : "Ici encore le texte est superbe. C'est une chanson qui me fascine et à laquelle j'ai donné des accents de jazz flamenco. Je suis accompagnée par Sylvain Luc qui joue du oud et que je considère comme l'un des meilleurs musiciens au monde."

Virgule : "Comme son nom l'indique, c'est une petite pause musicale, un temps d'arrêt avant de se replonger dans l'univers intense de Léo."

Richard : "Sans doute le texte le plus viril de l'album ! Une chanson de mec à mec à laquelle j'ai essayé d'apporter un peu de féminité. Elle s'adresse à son copain Richard (Richard Marsan, directeur artistique chez Barclay). J'ai aimé jouer sur le côté parlé-chanté et opté pour un arrangement d'une douceur extrême. A la fin, j'ai repris un morceau de Léo et j'ai réalisé que nous avions presque le même timbre. C'était assez troublant."

Est-ce ainsi que les hommes vivent : "Une très belle mélodie sur un texte d'Aragon. Je lui ai donné un air de tango presque argentin. J'ai pris le parti de faire souffler un vent de liberté sur ces mots et ces notes d'une grande densité."

Préface : "On a l'impression que ces mots ont été écrits aujourd'hui. Léo y exprime ce qu'on a tous envie de dire. On retrouve ici l'anar dans toute sa splendeur. La plupart du temps, ce qui démode une chanson, ce sont les arrangements car, en soi, la mélodie est intemporelle. Je me suis efforcée de coller à ce texte terriblement vivant et actuel."

Hommage : "Sans commentaires. J'espère juste que ce disque donnera aux gens l'envie de réécouter Léo..."