- Tétue - Par Béatrice Catanese - Lundi 21 mars 2011

Catherine Lara en interview

En pleine promo de son nouvel album, celle qui fut une des premières stars françaises à faire son coming out n'hésite plus à s'afficher avec sa compagne. Mais n'est toujours pas partisane du mariage homo et l'homoparentalité. Entretien.

TÊTUE: Vous venez de sortir un nouvel album, Une voix pour Ferré. Comment est née l'idée de reprendre des chansons de Léo Ferré?
J'y pense depuis longtemps. Après une trentaine d'albums à moi, j'avais envie de m'inspirer de Léo, que j'ai adoré toute ma vie. C'est avant tout un poète magnifique. Mais je ne voulais pas faire un copier-coller de sa musique. Je voulais l'emmener dans un autre univers, la musique du monde, quelque part entre l'Andalousie, l'Afrique, le jazz... J'avais envie d'un monde coloré car en décortiquant ses mélodies, j'ai réalisé qu'elles étaient très latines, avec des lamentations, un univers blues.

 

Vous venez de publier une autobiographie «vérité», Entre émoi et moi, et vous avez accordé une interview à Paris Match dans laquelle vous apparaissez en photo avec votre compagne, Samantha. Est-ce que la visibilité est importante pour vous?
J'ai beaucoup réfléchi avant d'accepter de faire ces photos car je n'aime pas être enfermée dans un tiroir, mais pour moi, c'est le meilleur moyen de faire avancer les choses. Même si ce n'est pas nouveau, j'ai fait mon coming out il y a bien longtemps... Je ne vois pas pourquoi je devrais me cacher ou demander à ma compagne de rester à l'écart. Muriel Robin l'a fait de son côté avec la personne avec qui elle vit et c'était très joli à regarder. A 65 ans, je n'ai ni l'envie ni l'âge de mentir.

 

Vous dites que vous n'êtes pas personnellement pour le concept de famille homoparentale. Pourquoi?
J'ai eu la chance de grandir dans une famille unie, pleine d'amour, avec mes parents qui se sont aimés pendant 67 ans. Soit je vivais comme eux, soit je vivais différemment. C'est le côté «maman et maman» qui me gêne.

 

Il y a pourtant 30 000 familles homoparentales en France qui aimeraient bien être reconnues légalement!
Je ne suis pas contre du tout, bien sûr. Ça doit exister. Les personnes qui ont envie d'apporter du bonheur à un enfant doivent pouvoir le faire en toute liberté. Mais d'un point de vue extrêmement personnel, je ne me vois pas dans ce schéma-là.

 

Est-ce que vous trouvez que la France est en retard concernant les droits des homos?
Je ne porte aucun jugement sur le mariage homo, certaines personnes en rêvent, mais personnellement ça ne me correspond pas. C'est comme une caricature de l'hétérosexualité. Le Pacs existe et c'est formidable. Le mariage a été fait pour unir un homme et une femme selon moi. Si j'avais rencontré l'homme de ma vie, je me serais mariée avec lui. Il se trouve que c'est une femme, donc je me suis pacsée, et je n'ai pas envie d'autre chose.

 

Dans votre interview à Paris Match, vous évoquez aussi plus longuement votre relation avec Muriel Robin. Qu'est-ce que vous gardez de votre histoire commune?
Aujourd'hui c'est une grande amie, une sœur pour moi. Nous avons vécu une histoire merveilleuse. C'était difficile car nous avions chacune des choses à régler, mais j'ai vécu une expérience extraordinaire avec une femme très droite, honnête et talentueuse.

 

 

 

 

 

Une voix pour Ferré, Universal Music.
Entre émoi et moi, éditions Michel Lafon
Catherine Lara sera en concert à l'Alhambra les 17 et le 18 juin à Paris, puis en tournée dans toute la France à partir d'octobre.