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- Direct Matin Bordeaux - Du 6 décembre 2012

Catherine Lara, libre comme un air yiddish

Catherine Lara stuidio entregistrement Au coeur de l'âme Yiddish 2012

 

 

 

Aujourd’hui, les spectateurs d’«Âge tendre et tête de bois» verront une grande dame de la chanson, Catherine Lara, donner quelques standards avec un orchestre. Mais on sera loin de l’atmosphère envoûtante de son dernier album, «Au coeur de l’âme yiddish».? Entretien avec la «Klezmer de diamant».

Dans cet album, vous revisitez une dizaine de vos grands classiques («La craie dans l’encrier», «Nuit magique», «Johan», «I.E.O.», «Avant le petit jour»…) à la “sauce” klezmer. Le résultat est bluffant: on redécouve complètement vos chansons! Comment vous est venue l’idée?

Il y a un long moment que j’avais envie de faire un tel disque. Parce qu’au fil de mes 40 ans de carrière, j’ai fait vivre à ma musique pas mal d’expériences. Poussée par mon amour du classique et du voyage, je l’ai baladée, en Afrique ou dans le monde arabe. Cette fois, en partant dans l’univers yiddish, où le violon tient une place si symbolique, c’est comme si je m’étais perdue puis retrouvée: je me suis sentie chez moi. ?

Et en écoutant le résultat, ces arrangements klezmer si délicats, comme en filigrane, de Cyrille Lehn, et l’âme de mon violon qui vole au-dessus de ça, j’en suis tombée à genoux. Après être passée par le rock symphonique ou la variété, j’ai écouté mes chansons en me disant: «J’aurais dû les écrire comme ça dès le départ. Elles sont à leur place aujourd’hui. À bon port.» Ça m’a fait ça pour «Johan» notamment et, ce qui est drôle, c’est qu’à l’époque, elle avait été numéro 1… en Israël! (rires)

Vous vous êtes entourée des membres du Sirba Octet. Comment les avez-vous rencontrés??

Je les ai découvert fortuitement sur Internet! En entendant Richard Schmoucler et les siens, à la fois virtuoses et allumés, avec leur musique enjouée et émouvante à la fois, je me suis dit que ce serait le rêve de faire du vrai yiddish avec d’authentiques musiciens – pas de la tziganerie à deux balles ! J’ai pris contact en pensant que je n’aurais pas les moyens (ils viennent tous de l’Orchestre de Paris) mais ça a été le coup de foudre: ils m’ont même fait un prix pour être de ce projet. Mais le plus fascinant, ç’a été la façon spontanée dont l’alchimie a pris. Il nous a suffi de 3 jours de répétition, et de 3 jours d’enregistrement comme en live – deux ou trois prises et on gardait la meilleure. Une session riche en émotions fortes, tantôt on était contents comme des gamins, tantôt on pleurait… à l’image de la musique klezmer, entre fausse gaité et vraie tristesse.??

En attendant les dates avec l’Octet, les 12 et 13 avril à l’Alhambra à Paris, vous faites partie de la 7e saison d’«Âge tendre et tête de bois». N’y a-t-il pas là une sorte de “grand écart” ?

Pas du tout ! J’ai la chance de faire un métier qui m’emballe toujours comme si j’étais une gamine de 12 ans. Vous savez, j’ai toujours les yeux qui brillent quand j’entends qu’on passe une de mes chansons à la radio ! Je fais donc simplement mon métier en allant au devant du public, tous les publics. Et qui d’autre que Michel Algay (le producteur de la tournée, ndlr) peut vous proposer 60 dates avec 60 musiciens devant 10 000 personnes chaque soir ? Le public n’est peut-être pas de la même génération – il est plutôt orienté années 1960-1970 – mais ainsi beaucoup me découvrent. Même avec quelques chansons, j’aime toucher plein de gens différents, comme les plus jeunes aux Francos. Et puis je retrouve les copains, Delpech, Lavil, Lalanne… L’ambiance est sympa à «Arthrose et jambes de bois», comme j’appelle ça pour me marrer ! (rires)

Et je ne vais pas vous mentir : Michel est très généreux. C’est peut-être ce qui va me permettre de tourner «Au cœur de l’âme yiddish» avec le Sirba Octet, un rêve... plutôt cher. D’ici-là, je suis contente de repasser par Bordeaux. D’une, mon père y est né et j’ai fait mes premiers pas à Arès. Et deux, c’est là où finit le tour du monde de «Johan», vous vous souvenez ? Aujourd’hui, la chanson aura une résonance toute particulière...

Recueilli par Sébastien Le Jeune