Geronimo

Geronimo

Face A
1 Geronimo  –  E.Roda-Gill/C.Lara/CL.Engel
2 La femme nue –   E.Roda-Gill/C.Lara/CL.Engel
3 Totem vivant  –  E.Roda-Gill/C.Lara/J.Roussel
4 Vivre dans un trou  –  E.Roda-Gill/Catherine Lara
5 Sangre loca  –  E.Roda-Gill/Catherine Lara
Face B
6 Bateau de pluie  –  E.Roda-Gill/J.Roussel
7 Le sang des hommes  –  E.Roda-Gill/Catherine Lara
8 Jungle radio –   E.Roda-Gill/C.Lara/CL.Engel
9 Je sème des oiseaux  –  E.Roda-Gill/C.Lara/CL.Engel
10 Visage pale  –  E.Roda-Gill/C.Lara/J.Roussel

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Sorti en 1980, Géronimo est le huitième album studio de Catherine Lara, publié chez CBS. Tous les textes sont signés par Étienne Roda‑Gil, avec lequel elle collabore pour la première fois.

L’album se veut un manifeste visuel et musical : la pochette (photo de Richard Avedon) montre Lara torse nu, poing levé, affirmant ses engagements féministes et son ouverture à la cause des minorités. Musicalement et thématiquement, Géronimo privilégie un rock engagé, inspiré par la culture Apache : tambours, cordes orchestrales (par Gabriel Yared), percussions et violon électrique créent une atmosphère dense et évocatrice.

« La semaine prochaine , j’enlève le bas! »
voilà le message que beaucoup de gens ont probablement compris en voyant cet album .
Catherine Lara (L’aventurière de l’archet perdu)

Réponse à ceux qui reprochaient à Catherine d’avoir posé seins nus pour la photo –intérieur- de cet album :
« Parce que je montre ma poitrine sur une pochette, certaines personnes disent que je ne sais plus quoi inventer pour faire vendre !!! alors que les nanas à poil sur les plages, ça ne choque personne ! vraiment, les gens détournent les sentiments. »
Catherine Lara (Intimité magazine 1983, Michel Drucker)

« Le disque est passé à côté de la plaque. Il n’a pas eu le temps d’exister parce qu’à l’époque je me suis brouillée avec mon directeur.
J’aime beaucoup «  Bateau de pluie » que je joue encore sur scène « Catherine Lara (parole et musique 1985, Marc Legras)

« Pour la première fois un de mes disques est censuré : du moins seulement l’extérieur de la pochette… Seulement une paire de seins : les miens si vous voulez savoir! C’était une exclusivité! Mais on a demandé à « La femme nue » de mettre son tailleur deux pièces ou de plonger dans un brouillard pudique… » Pourtant ce disque de 1980 ne se veut provoquant ni dans les chansons, ni sur la pochette. Bien au contraire »
Catherine Lara (L’aventurière de l’archet perdu)

A toutes les femmes, à tous les Indiens : « c’est dans la noirceur de leurs yeux que les hommes se perdent ». Élan noir. Apache. La première belle pochette de Lara pour le premier album totalement magique. Éclat de rire et coup de poing en gris et blanc : photo de Richard Avedon. Apache. Tomawak et peinture de guerre. « Geronimo » est un album violent de tambours de pluie et tambours de guerre. Apaches. Le facétieux Etienne Roda Gil (Apache) se prend au jeu et scande de bien beaux textes rebelles dans la veine du « Loco ». « Loco » qu’il cisela pour Julien Clerc (ex-apache). Des histoires de totem vivant et de guerriers vaincus, du sang des hommes qui n’a besoin de personne même si franchir le Rio à pieds c’est dur pour un cavalier. Un disque pour la nation apache, les femmes et les révoltés. Deux curiosités : « Vivre dans un trou » et   « Je sème des oiseaux » que Lara chante à la manière de Jonasz, beau et bizarre. Et puis, ce moment hispanique que se permettent joyeusement l’indienne et la sérénissime Etienne : « La sangre Loca ». « Corazon del indio, tamsiempre llena de tierre ». A noter que comme c’est l’usage pour les disques qui ont quelque chose de plus au niveau du plexus solaire, on peut lire à plusieurs reprise : orchestration de cordes : Gabriel Yared. Intrusion discrète de la musique dans la musique.
Sylvie Coulomb Chanson Magazine 1985

Enregistré comme son prédécesseur dans le fameux studio de Morin Heights, là-haut dans les Laurentides, et produit par le même André Perry, « Geronimo » confirme l’attirance de Catherine pour le rock.
Là encore, l’environnement musical est fignolé, là encore cette superbe voix vous donne la chair de poule, et pourtant certaines intonations manquent parfois de naturel, on sent un peu le procédé (notamment dans « Bateau de pluie », « Le sang des hommes » et « Je sème les oiseaux ». Et c’est d’autant plus dommage, d’une part, que la voix de Catherine Lara s’adapte avec bonheur à tous les styles, de la ballade au blues, et cela sans se forcer –on a pu le remarquer sur les albums précédents ; c’est d’autant plus regrettable d’autre part que les chansons de Roda-Gil fourmillent d’idées astucieuses et d’images intelligentes. Un brin d’exotisme dans le vocabulaire, un zeste de quotidien pas banal, une petite mesure de l’air du temps : sous les doigts d’un artiste consommé, ces ingrédients vous créent cette sorte de connivence dans le rêve éveillé qui fait les plus belles chansons, du moins celles qui emportent, qui charment, qui ensorcellent. Magie des mots et de la musique, qui sont parfois si peu de chose, mais possèdent un prodigieux pouvoir évocateur. Écoutez pour voir « Vivre dans un trou » ou « Le sans des hommes ».
Erwan Le Tallec Paroles et Musique 1985

Ma « Manche » avec Catherine Lara

Elle m’a dit : « Ce que je déteste le plus au monde, ce sont les pingres. »

La chanson de Lara (Catherine) a pris un tour nouveau. Vous vous souvenez : la semaine dernière, avec Nicole Croisille et Georges Moustaki, elle participait à l’Olympia au gala au profit de l’Ouganda. Vous savez bien : Catherine Lara (Lala pour les intimes), c’est une musicienne à la formation super-solide qui ne sort jamais sans son violon. Ce 1er prix de Conservatoire, solo des Musiciens de Paris, prix de la Vocation en tant que violon solo (encore bravo !) se laisse prendre un beau jour par la variété. En 71, le Quatuor Lara part en tournée avec Nourago. En 72, Daniel Boublil lui écrit des paroles. Naîtrons 6 disques. En 79, elle part pour Montréal. Et nous revient avec un disque étrange venu d’ailleurs, « Coup d’feel ».
Aujourd’hui, pour les « eighties », Lara a encore changé. Son dernier album «Géronimo», est, comme son nom l’indique, placé sous le signe des indiens.
La rencontre avec le parolier Etienne Roda-Gil ? Un vrai coup de cœur. Catherine était branchée sur Géronimo depuis un an et Roda depuis… toujours. « Géronimo est mort à 80 ans. Il est passé à travers les balles et les flèches. » Le son Lara vient de loin. Seulement voilà, si elle arrive à nous chanter l cause des minorités comme une vraie comédienne, c’est parce qu’elle a bossé.
Avec André Grégory (qui a fait travailler longuement Dustin Hoffman), dans un loft new-yorkais (très mode), elle a pris des cours. « Quatre heures d’improvisation par jour : une thérapie. Je donnais tout. Je finissais par déchirer mes vêtements. »
La couverture (intérieure) du disque est signée Avedon. Seins nus, Catherine nous lance son poing dans la gueule. Vivante, gagnante, fonceuse. Guerrière. Provocation ? « Je donne quelque chose. La moitié de mon corps. C’est généreux, sain. Et cela justifie le titre de ma chanson préférée « La femme nue ». Catherine est en effet une pudique «Les nanas à poil sur les pages, ça choque personne. Vraiment, les gens détournent les sentiments. Parce que je montre ma poitrine sur une pochette ils disent que je ne sais plus quoi inventer pour faire vendre… »
Catherine éclate de rire(s). Solide sens de l’humour. Reine des calembours. On fait des plaisanteries de V.R.P. en goguette, toutes plus lourdes que l’air. Mais ça nous rend légères. Et comme elle me l’avait proposé, nous partons dans un café proche de chez elle (dans le Marais) pour « faire la manche ». Peu de monde à la terrasse. Trois pelés et deux tondus : c’est ça, ça fait cinq personnes ! Catherine sort son violon (d’Ingres) de l’étui, simule un tir de mitraillette et entame un air à la sauce Lala. Les badauds s’arrêtent. Toute petite, dans son grand pantalon de clown, elle se met à grandir. Les gosses s’approchent. Elle se sent bien dans la rue. Trois petits airs. Nous récoltons 31F en un quart d’heure. « Ce que je déteste le plus au monde, ce sont les pingres, les radins. Tu sais, le mec qui t’invite à dîner mais qui a justement oublié son portefeuille ». Nous nous partageons symboliquement la recette. Catherine est contente comme une gamine. « Je fais du populaire, mais le poids de la culture me pèse encore sur les épaules. Savoir écrire la musique, c’est pourtant pas un handicap ? J’ai fait vingt ans de classique. Et alors ? » Catherine a un rendez-vous plus que galant les 3 et 4 décembre : elle a retenu le théâtre des Champs-Élysées. « Un endroit magique. Un théâtre à l’Italienne. Genre Palace-Mimi ». 190 000 l’ont applaudie au Québec sur les plaines d’Abraham. Dernièrement, à Nyons, ils étaient 10 000 à taper du pied pendant vingt minutes. Ça, ça la fait fondre. « J’aime qu’on me reçoive bien et qu’on me trouve bien plus belle que je ne suis. Dans les concerts, tu vides ton sac et on te dit merci. » Belle, elle l’est, Catherine. Avec sa bouche à dévorer les grands sentiments, avec sa frange de sale môme farceuse. Avec ses yeux qui racontent plein de trucs. Nous sommes chez elle. Devant une tasse de thé. J’ai l’impression de retrouver une vieille copine avec qui je n’ai même plus besoin de parler. Remarquez, pour une interview, c’est un peu gênant, non ? Faut dire qu’elle parle pour deux. Elle me montre tous ces jeux électroniques, le tennis sur l’écran télé, le « space-invader » qui lance des roquettes miniatures.Catherine raconte en vrac «Je suis futile. J’aime les grigris, les boi-boites, les gadgets. J’adore bouffer : on m’appelle la « papille de la nation »… Je déteste être seule. J’aime parler, j’aime les êtres. J’aime les hommes qui peuvent pleurer et les femmes qui fument la pipe… J’adore avoir peur. J’ai le goût du risque. J’avais 14 ans, y’avait un funambule devant la maison. Le gars a demandé au public quelqu’un pour venir sur le fil avec lui. Je suis montée sur ses épaules, sur le câble… » Catherine est encore sur la corde raide. Elle a un bon sens de l’équilibre : elle arrivera.
A.C.

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